UN SUEDOIS A PARIS
Né en 1842 à Riseberga, en Suède, Nils Forsberg est un peintre spécialisé dans les scènes d'Histoire et les scènes de genre. En 1867, il se rend à Paris. Il y reste jusqu'en 1902.
En 1870, il est donc à Paris quand la guerre franco-prussienne éclate. Bloqué dans la capitale, il devient témoin privilégié du siège. Plus encore dans la mesure où il ne reste pas simple spectateur du conflit. Il s'y engage comme infirmier. En 1871, il réalise d'ailleurs un autoportrait le présentant comme tel, la croix-rouge affiché sur le devant de son képi. Malgré les exigences liées à cet engagement, il exécute de nombreux dessins et esquisses. Il reste très marqué par l'année terrible. De cette expérience, il tire un profond pacifisme qu'il évoque dans sa biographie parue en 1929 sous le titre de "Mitt liv" (Ma vie). Mort d'un héros, souvenir du siège de Paris (1870-1871) [Musée de Stockholm] est l'oeuvre majeure qu'il réalise en lien avec la période, un tableau qui lui vaut une médaille d'or au Salon de 1888. L'oeuvre se voulait pacifiste mais elle fut détournée par les admirateurs français qui voulurent y voir l'expression du patriotisme.
Moins connue, Un grand père écoute les mauvaises nouvelles de la guerre est aussi plus ancienne (1875) [musée national de Goteborg]. Plus dramatique, peut-être ? L'émotion qui en ressort est différente, l'accablement plus intime, sans doute. Trois générations figurent à l'image : l'ancien combattant abattu par les informations qui lui viennent du front, la jeune fille aux traits presque impassibles qui lui fait la lecture et, entre eux, les absents dont la présence est inscrite dans la page du journal et les sourcils froncés de l'aïeul.
Beaucoup d'émotion ressort aussi du portrait du Communard, dans ce visage expressif où se mêlent inquiétude, attente, espérance peut-être [musée de Stockholm]. On est si loin des caricatures habituelles sur le sujet ! Combien de dessins encore, réalisés pendant la guerre ? Deux sont conservés au musée national de Stockholm : une étude de têtes d'hommes (assoupis ou peut-être tués?) et la tête de Ducrot (voir ci-dessous, en fin de message).
En octobre 2012, l'association Nils Forsberg crée une page dédiée au peintre sur Facebook. Elle permet de diffuser des informations sur l'artiste et de donner à voir des oeuvres méconnues, voire oubliées. On y découvre notamment Gambetta s'échappe de Paris, un instantané selon Ulf Forsberg qui la commente. Nils aurait assisté à la scène qu'il reproduit.
En 2017, une recherche sur les oeuvres oubliées permet de retrouver deux autoportraits du peintre, dont celui en infirmier de 1870 ci-dessus et ce tableau ci-contre, assez singulier. Les époques semblent s'y confondre, mêler et/ou superposer. Si vous savez comment la lire, n'hésitez pas à nous en faire profiter.
L'autobiographie de Forsberg n'a pas été traduite. Sachant l'importance que la guerre a eu sur Forsberg, elle serait intéressante à découvrir. Je fais appel à toutes informations graphiques ou biographiques sur cet artiste et sur son témoignage. D'avance, merci.
Attention : les reproductions des oeuvres ci-dessus peuvent être protégées par des droits d'auteurs.
Sources :
Forsberg (Nils) sur wikipédia (version française)
Forsberg (Nils), "Mitt liv", Stockholm, 1929.
Kangro (Oscar), Nu börjar sökandet efter glömda Nils Forsberg-tavlor, 2017.
Nils Forsberg, page dédiée sur Facebook, créée par l'association Nils Forsberg Nilsforsbergsallskapet.
Musée des Beaux-arts de Göteborg
Musée des Beaux-arts de Stockholm
étude pour Mort d'un héros (1883), musée de Göteborg