Des œuvres évoquant explicitement ou non les guerres du second empire...

Rezonville, 16 août, cuirassier de la Garde relevant son officier.
Une esquisse de l'oeuvre (source : MutualArt).

La défaite française de 1871 provoqua un véritable traumatisme national. Mais celui-ci n’a pas nourri le seul rêve d’une revanche armée. Si le refus de la guerre porté par les pacifistes eut du mal à rassembler, le pragmatisme imposa vite à la majorité des Français l’idée de reconstruire la puissance nationale sur la base de valeurs positives. Le règlement des cinq milliards de mark-or de réparation étant acté et les dernières troupes d'occupation allemande s'étant retirées (1873), cette reconstruction put être mise en oeuvre. Seule...
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La bascule de 1885
De 1871 à 1879, la France qui avait été humiliée par la Prusse se débat dans un difficile temps du « recueillement »[1], celui nécessaire pour faire le deuil de ses morts. C’est aussi le temps de la résilience, période pendant laquelle les Français trouvent les ressources pour surmonter le traumatisme de la débâcle et reprendre confiance en eux-mêmes. Gloria Victis ! Présentée au Salon de 1874, la sculpture d’Antonin Mercié traduit l’élan qui traverse alors les forces vives de la Nation. Avec Les...
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En 1883, Hippolyte-Pierre Delanoy (1849-1899), peintre d'histoire, de genre et de natures mortes dans lesquelles il aime faire briller épées et vieilles armures présente au Salon des Artistes de Paris un tableau intitulé A la gloire d'un général du passé...ou de l'avenir. Le spectateur ne prêterait pas d'attention particulière à cette oeuvre si l'armure évoquant la gloire passée d'un général non identifié ne reposait sur une carte de l'Alsace-Lorraine ! Un an après la naissance de la Ligue des Patriotes de Paul Déroulède, en...
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Ce tableau de Jean Léon Gérôme (1824-1904) n'est pas une représentation de la guerre de 1870. Il s'y apparente pourtant. Il fut mis en vente au profit des paysans victimes de la guerre franco-prussienne en 1870. Fut-il réalisé ou finalisé cette année là ? Rien n'est assuré sur ce point, mais il date probablement des années antérieures, entre 1845 et 1855. Il traduit bien, toutefois, le traumatisme français face à la défaite.

"Y-a-t-il des artistes qui se sont représentés dans une oeuvre sur la guerre de 1870 ?"
Cette question m'a été posée lors du colloque sur La mémoire de 1870 qui s'est tenu à Champigny-sur-Marne le 4 décembre 2021. Pris de court, je n'ai pas su bien répondre sur le moment. A ma connaissance, je peux dire ici que quatre artistes au moins l'ont fait.
Berne-Bellecour (Eugène-Prosper) dans Les Tirailleurs de la Seine à La Malmaison, le 21 octobre 1870 (1875) : le soldat le plus à gauche du rang des tirailleurs (chacun de ces...
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La vie de Clovis (1875) de Joseph Blanc réalisée pour décorer l'église Sainte-Geneviève à Paris peut être comptée comme une représentation inspirée par la guerre de 1870, du moins selon le courant ultramontain et le gouvernement d'Ordre moral (1873-1877). Bruno Dumézil l'explique dans Le Baptême de Clovis, Paris, Gallimard, 2019; p. 255.

Peindre la guerre vise-t-il à en appréhender l’horreur, à la saisir ou à la contrôler ? C'est possible. Quoi qu'il en soit, sa représentation est vieille comme la guerre elle-même et elle a toujours été un souci pour les pouvoirs en place qui aiment en faire les outils de leur légitimité ou de leurs intérêts. Quand une oeuvre leur échappe, ils se braquent parfois. Tel est le cas en 1918 quand l’artiste britannique Christopher Nevinson présente Les sentiers de la gloire. L’œuvre choque. Sommé de décrocher son tableau du Salon où...
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La guerre de 1870 a donné lieu à une très abondante production d'oeuvres picturales. A fin de rendre hommage, de témoigner puis de faire mémoire, les artistes français (comme allemands, suisses ou italiens) ont représenté la guerre sous tous ses aspects : combats, manoeuvres, réquisitions, soins aux blessés, portraits, paysages, anecdotes diverses... Tous les thèmes ont été traités. Aux seuls Salons des Artistes de Paris, ce sont plus de 470 tableaux qui ont été présentés entre 1872 et 1914. Au-delà de cette date, d'autres supports...
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Ce tableau vendu aux enchères aux Etats-Unis il y a quelques années sous le titre Soldats préparant un repas pendant la Commune est une oeuvre de Ernest-Ange Duez datée "vers" 1870. Pour être reconnu ami d'Alphonse de Neuville et d'Edouard Detaille, "il [Duez] n'est pas artiste réputé pour traiter des sujets d'actualité." (Noël et Hournon, p. 43). C'est donc un tableau original par rapport à son oeuvre que cet artiste signe là, qui témoigne de l'impact de l'Année terrible sur les contemporains. Le besoin d'exorciser les...
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