SOUVENIRS DE LA GUERRE DANS "LA VIE PARISIENNE"
La Vie parisienne est une revue illustrée à vocation principalement littéraire. Elle fut créée en 1863 par Émile Planat, alias Marcelin. Elle se proposait de publier des textes faisant échos de la vie mondaine de la capitale : récits, nouvelles, contes, morceaux choisis de théâtre, elle se voulait écho des « Mœurs élégantes, Choses du jour, Fantaisies, Voyages, Théâtres, Musique, Modes » ainsi que l’indique son sous-titre.
Au lendemain de la guerre de 1870, le journal publie « souvenirs d’un officier de cavalerie (en captivité – Hambourg) (numéro du 5 août 1871), « une visite aux forts, souvenir du siège » (19 août 1871), « un dernier pleur sur la garde nationale » (16septembre 1871), « impressions de chasse et de guerre » (21 octobre 1871), « souvenirs de la discipline gambettiste » (23 décembre 1871). S’y ajoutent les « simples notes » signées Puck, récits qui racontent la guerre au jour le jour en respectant les dates à un an de distance. Évocations de la vie militaire pendant la campagne, le siège de Paris ou souvenirs de captivité, ces textes s’accompagnent de dessins. Firmin Gillot en illustre plusieurs dont « deux journées d’un zouave de Charrette » (18 novembre 1871). Pour l’anniversaire de la bataille de Loigny (2 décembre 1871), le journal publie un récit de souvenir de la bataille en question.
Ces récits sont-ils inventés ou authentiques ? La nature de la revue, la qualité des textes et les détails donnés à lire plaident en faveur de l’invention ou, tout au moins, de la réécriture à des fins littéraires. Mais peu importe en matière de mémoire. Sur ce dernier point, ils témoignent :
- Du souvenir entretenu par une sensibilité plutôt conservatrice, anti-Gambettiste.
- De la capacité bien partagée par les Français humiliés à rire de leurs déconvenues, prémisses de la résilience et de la gloire qui sera faite aux vaincus à partir de 1874.
Dans le numéro du 5 août 1871, on notera aussi la présence d’un texte intitulé « Ce que c’est qu’une bataille. Souvenirs de Rezonville ». Il est accompagné d’un dessin légendé « Les morts debout – Effets de la mitrailleuse ». Ce dessin est la représentation rare du sujet, seul Édouard Detaille – à notre connaissance – l’ayant traité de manière iconographique.