DES BOUTEILLES QUE LES PRUSSIENS N'AURONT PAS
L'expression est encore d'usage dans certaines régions ou milieux quand se partage entre amis une bonne bouteille : "encore une que les Prussiens n'auront pas". Cette formule est un lointain souvenir de la guerre de 1870 au cours de laquelle les Français vivant dans les régions de combat ou d'occupation allemande eurent à subir réquisitions et/ou pillages (la frontière entre les deux pratiques n'était pas toujours évidente). Ces "vols" émanaient aussi bien de Prussiens que de déserteurs français, soldats débandés sans approvisionnement ou francs-tireurs ; mais la mémoire (toujours sélective) n'a retenu que les méfaits des premiers.
En 2012, madame Després a pu vendre aux enchères une bouteille millésimée 1870, retrouvée dans un placard "difficile d'accès". On peut imaginer l'histoire de cette bouteille qui était plus cachée que conservée à des fins de vieillissement. Encore une que les Prussiens n'ont pas eu et que nul ne boira peut-être car la qualité du contenu n'est pas certaine.
Si cette bouteille a bien été cachée pour échapper aux pillages de l'époque, il est intéressant de voir comment le souci de mettre son bien à l'abri des convoitises a pu toucher une grande partie du territoire. La Saône-et-Loire était alors un département situé au delà de la limite méridionale de l'avancée allemande. Principe de précaution de l'époque : ne pas tenter le diable prussien !!!
Source : A. B., "Des bouteilles de 1870", Le Journal de Saône-et-Loire, 6 janvier 2012.