Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mémoire d'Histoire
31 décembre 2020

C'EST LA NUIT SURTOUT QUE LE COMBAT DEVIENT FURIEUX

arton2142Après Les souvenirs d'une morte vivante de Victorine Brocher en 2017 et Eugène Varlin, ouvrier-relieur (1839-1871) en 2019, les éditions Libertalia publient pour les 150 ans d'anniversaire de la Commune un nouveau et précieux témoignage : celui d'Alix Payen, née Milliet, fille de Félix Milliet - ancien officier de cavalerie, franc-maçon et fouriériste - et de Louise de Tucé, soeur d'Adrien, général du second Empire qui participa aux expéditions en Syrie, au Mexique et à la campagne de France jusqu'à la bataille de Sedan. Elle est aussi la soeur du peintre Paul Milliet qui publia en son temps Une famille de républicains fouriéristes : les Milliet. 

alix payenCet ouvrage est rare, plus précieux encore (peut-être) que les souvenirs de Victorine Brocher dans la mesure où il est essentiellement composé de lettres et notes écrites pendant la guerre de 1870 et la Commune, par Alix Payen bien sûr, mais aussi par sa soeur Louise, sa mère ou son père. Il s'agit donc de récits écrits "à chaud" et non a posteriori. Ce sont aussi des textes privés, n'ayant jamais eu vocation à publication. Si les convictions politiques s'y affichent sans détour, elles se font avec une franchise critique et dans le souci de partager les soucis et petites joies du quotidien qui en rend le contenu plus personnel, intime parfois, proche du terrain surtout.

Cinq premières lettres sont présentées dans le chapitre Le siège de Paris (p. 17-30). La première est sans date. Michèle Audin la situe en décembre 1870, peut-être le 14 si on se réfère au décret sur le pain "paru ce matin". Les suivantes sont du mois de janvier. Au-delà des informations données sur le premier siège, ces lettres permettent d'ancrer le récit concernant la Commune dans la guerre contre la Prusse et de montrer que l'insurrection ne fut pas qu'un mouvement révolutionnaire mais d'abord la poursuite de la lutte patriotique contre l'invasion étrangère. Si l'ennemi change, il y a continuité entre les deux guerres, la civile et l'étrangère et la patriote de 1870 ne s'est pas subitement muée en mégère révolutionnaire de 1871. Au contraire : le comportement d'Alix Payen aux côtés des combattants et sous le feu de l'ennemi est le même que celui qui fait des ambulancières de 1870 des héroïnes. A ce titre, le témoignage qui nous est présenté est intéressant dans la mesure où il montre comment l'appréciation des actes d'un individu dépend d'abord des motivations qui lui sont associées. Combien d'horribles pétroleuses ont été des patriotes dont les mérites ont été effacés des mémoires parce qu'elles s'étaient insurgés contre la capitulation et les injustices faites aux plus pauvres ?

Les autres lettres sont écrites pendant la Commune, le plus souvent depuis les postes avancés où Alix partage la vie des soldats. On y retrouve toute la richesse du "direct" et du terrain, manière de découvrir la grande humanité et sincérité de ceux dont l'image s'est réduite à celle donnée par leur adversaire. Un beau témoignage. 

Publicité
Commentaires
Mémoire d'Histoire
  • Prolongement de mon laboratoire de recherche sur les guerres du second empire (Mexique, guerre de 1870), ce blog se propose de diffuser documents et articles sur le sujet... répondre à toute attente que vous m'exprimerez. N'hésitez pas.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité