LE SPECTRE ROUGE, 150 APRES
L'affiche d'Adrien Barrière est bien connue. L'Histoire par l'image en explique d'ailleurs l'origine, le contexte, l'inspiration et le sens. Sans faire référence, toutefois, à une caricature d'Alfred Le Petit, parue en novembre 1872 à la une du journal satitique Le grelot, aujourd'hui consultable sur Gallica. L'auteur de la notice ignorait sans doute, et en toute bonne foi, ce dessin qui a peut-être (ou pas) inspiré Barrière. Peu importe au demeurant.
Il y a 150 ans ? Pas tout à fait. Bientôt. Mais l'anniversaire de 1870-1871 est l'occasion d'en dire un mot.
Le Petit, en l'occurrence, illustre l'ambiance politique de 1872, plus d'un an après la fin de la guerre de 1870 et de son prolongement communard. Il se moque de l'Eglise (le moine) qui milite pour une Restauration légitimiste contre les Républicains, agitant le spectre de la révolution que ces derniers viennent pourtant d'écraser dans le sang. La marionnette du moine prend les traits d'un garde national, le couteau (baïonnette ?) entre les dents, le fusil (à tabatière ?) dans une main, une torche de pétroleuse dans l'autre, la même que celle brandie par l'allégorie de La guerre du Douanier Rousseau en 1894 ! "Rengainez votre pantin, mon brave homme", dit la légende, "le truc est usé, il n'effraye plus personne". Usé, vraiment ? Son recyclage témoignerait plutôt du contraire. De 1872 à 1919 (et au-delà de surcroit), un même combat contre les dangers (supposés) d'une révolution socialiste réactualise la même figure dont la pérénnité semble affirmer l'efficacité. Encore que... ! A trop en user... peut-être ! Mais c'est là une toute autre histoire qui n'a pas sa place ici.
un modèle de fusil à tabatière enfield (1870) et sa pointe.
PS [01/07/2020] Le dessin d'Adrien Barrière de 1919, à l'origine de son affiche contre le bolchevisme
Retrouvé sur le site du Collège Léonard de Vinci / Bois-Guillaume