L'EPEE DE MADEMOISELLE LIX
Depuis 1910, le Musée de l’Armée détient dans ses collections l’épée de Marie-Antoinette Lix, lieutenant aux francs-tireurs de Lamarche pendant la guerre de 1870-1871, une arme qui fut offerte à cette femme pour la remercier de son action pendant le conflit franco-prussien. Tout en la présentant au public à l'occasion de l'exposition France - Allemagne(s), 1870-1871 de 2017, le musée a ouvert une page sur son site pour "apporter un éclairage complémentraire" sur cette pièce.
Ce cadeau fait à une femme combattante est un bien bel hommage, susceptible de démentir l’idée selon laquelle les femmes de France auraient été les grandes oubliées de la mémoire nationale comme avancé dans L’hommage raté aux héroïnes de 1870.
Non, le courage des Françaises n'a pas été oublié. Il a été célébré par Victor Hugo, mis en scène par de grands peintres, taillé dans la pierre par les meilleurs sculpteurs, cité dans de nombreux ouvrages ou à l'ordre du jour de toutes sortes de mérites. Mais cette gratitude a plus reconnu la souffrance des victimes que l'action de celles qui participèrent activement à l'effort de guerre. Parce que l'aide aux soins était conforme à l'image que l'époque se faisait de la femme, les infirmières reçurent de belles marques de reconnaissance ; les autres formes d'action furent beaucoup moins saluées et la colère de Jean Frollo dénonçant l'absence de monuments aux héroïnes n'est pas totalement dénuée de fondements.
Dans ce contexte, le don d'une épée d'apparat à Mlle Lix n'en a que plus de poids. Ce qui est remarquable, en l’occurrence, c’est que cette récompense fut offerte à l’héroïne... par des femmes. Serait-ce la preuve qu’on n’est jamais mieux servi que par ses pairs ?