siteon0En collaboration avec Lettres Sorbonne Université, le Centre d'Etudes et de Recherches Editer/interpréter (CEREDi) de l'Université de Rouen met en ligne les lettres adressées à Victor Hugo par Juliette Drouet. Parmi celles-ci, les billets qu'elle lui adressa pendant la période de la guerre franco-prussienne et du siège de Paris.

2669136Juliette Drouet ne fait pas partie des "héroïnes" de la guerre, ni comme infirmière à l'instar d'une Coralie Cahen ou des comédiennes des théâtres parisiens, ni comme femme d'influence à l'égal de Juliette Lamber-Adam qu'elle fréquente, ni comme productrice de fournitures nécessaires aux armées (charpie, vêtements, munitions...). Elle assume pourtant toutes ses responsabilités de femme, pourvoyant aux besoins (en nourriture, bois de chauffage, médicaments...) de ses proches (enfants et petits enfants de Victor Hugo notamment). Elle fait aussi partie des "femmes qui prient". Oeuvre modeste autant que silencieuse, souvent ignorée de l'historiographie, qui n'en fut pas moins essentielle pour aider Paris et la France à tenir malgré les défaites répétées sur les champs de bataille. La correspondance de Juliette Drouet a le mérite d'illustrer cette "banale" (mais Ô combien nécessaire) prestation.

Delphine Ugalde par Marie-Alexandre AlopheOutre quelques réalités de la vie ordinaire d'une bourgeoise et sur le sort des plus modestes (domestiques, employés, ouvrières) qui transparaissent au gré des nouvelles données (comme ces deux ouvrières de la lettre du 2 décembre qui ramènent chacune un cadavre !), cette correspondance offre encore un regard indirect sur les coulisses des concerts patriotiques auxquels travaillait Victor Hugo et des artistes comme Madame Ugalde. Ces manifestations servaient à financer l'effort de guerre et à entretenir le moral des Parisiens. Une action modeste, là encore, mais à ne pas sous-estimer.

Au-delà de la seule curiosité, les lettres de Juliette Drouet participent des sources utiles à l'analyse du rôle des Françaises pendant la guerre de 1870.