Né à La Sagne (Haut-Jura neufchâtelois) le 18 décembre 1842, dans une famille d'horloger, Oscar Huguenin montre très jeune de grandes dispositions pour le dessin. Mais assez vite (à partir de 1856 et à l'occasion d'un défi dont le Dr César Matthey rapporte les circonstances), il se destine au métier d'instituteur. En 1861, il est nommé à Bôle, collège où il prend en charge la classe supérieure jusqu'en 1871. C'est là qu'il assiste au passage des débris de l'armée Bourbaki, un drame qui le "pénètre de pitié et d'horreur".
Le désastre dont il est le témoin l'amène à réaliser un album de dessins qu'il mit en vente au profit des blessés. Elle lui inspire aussi le récit d'un soldat qu'il intègre dans La tante Julie. Jean Pujol a tout vu. Il était à Sedan, s'échappe du piège pour rejoindre Paris avec le corps du général Vinoy, rejoint l'armée de la Loire et se retrouve successivement à Arthenay, Orléans, Coulmiers avant de se retrouver "rejeté à l'Est" dans les rangs de l'armée du général Bourbaki. Beaucoup pour un seul homme ? Peu importe : le récit d'Oscar Huguenin a surtout vocation à résumer la campagne de France et à régler quelques comptes avec les incapables et/ou les traitres (Bazaine et Gambetta, notamment).
Si le récit placé dans la bouche du soldat Pujol n'a rien de très original, les dessins réalisés par Huguenin sont un témoignage plus remarquable. On sent qu'il relève de scènes vues par l'artiste, peut-être même prises sur le vif.
Dans le lot, sous le titre Débris de l'armée Bourbaki, ce dessin mettant en scène un chien, un thème sur lequel je reviendrai.
Sources :
Huguenin (Oscar), Derniers récits, 1907, édité par les Bourlapapey, Bibliothèque numérique romande.
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