LES CANTINIERES OUBLIEES DE 1870
Les Françaises face à la guerre de 1870 ?
Les combattantes furent rares ; elles se comptent sur les doigts de la main (Jane Dieulafoy et Marie Favier-Nicolaï entre autres) ; il y eut les occasionnelles (j'aurai peut-être l'occasion de les évoquer sur ce blog) ; et il y eut aussi les cantinières. Parce que s'exposer aux abords du champs de bataille faisait partie de leur métier (et d'autres raisons que je n'exposerai pas ici), les chroniqueurs du XIXe siècle en parlent peu. Elles ont pourtant tenu leur place avec autant de bravoure et de courage que les soldats qu'elles servaient.
Quelques-unes furent honorées dès 1871. Ce ne fut pas le cas pour la plupart de celles qui le méritaient. Après quelques années, toutefois, réparation partielle fut faite : quelques-unes reçurent reconnaissance publique de leurs mérites. Une quinzaine ont ainsi été médaillées. Elles font partie de la Mémoire de 1870. Le capitaine Auguste Richard en dresse une liste assez exhaustive.
Légion d'honneur : Antoinette Drevon, héroïne de Magenta. Incorporée au 32e de ligne en 1870, elle participe à toutes les batailles sous Metz.
Médaillées militaires : Françoise Joudiaux, née Decôte, du 74e de ligne, elle porte secours à des soldats et officiers pendant les batailles de Rezonville et Saint-Privat (août 1870). Anne-Gabrielle Boyer, de l'école de gymnastique et d'escrime de Joinville-le-Pont. Mme Favrolle, 29e bataillon de chasseurs à pieds, faite prisonnière à Gravelotte, elle s'évade, passe au 105e Régiment d'infanterie qu'elle sert pendant le siège de Paris. Jeanne Bonnemère, présente elle aussi à Borny et Rezonville, s’évade également, elle rejoint aussi Paris (21e régiment de marche) ; le gouvernement lui confie une dépêche importante ; faite prisonnière, elle avale la dépêche ; libérée, elle rejoint l’armée de la Loire et participe aux combats d’Orléans et Arthenay. Marie Jarrethout qui participe activement à la défense de Châteaudun (18 octobre), avant de rejoindre l'armée de la Loire (batailles du Mans, Alençon, Coulmiers). Marie Vialar (5e bataillon de la Garde du Finistère) qui s’illustre aux combats de Villejuif, de l’Hay et des Hautes-Bruyères (siège de Paris). Mme Cordier (72e de ligne) qui, après la bataille de Mouzon, cache 4 officiers et quelques sous-officiers et soldats dans sa voiture et les faits franchir les lignes prussiennes.
8 autres, encore, sont citées par l'auteur. Parmi celles-ci, une anonyme du 10e régiment d’artillerie de ligne (« son nom a échappé à l’histoire »).
Les cantinières suivirent les prisonniers français lors de leur captivité en Allemagne et elles s'employèrent comme infirmières dans les camps. Plusieurs s’évadèrent pour rejoindre la France, une unité combattante et reprendre leur rang.
Lauréate du legs du général baron de Mylius : Mme Drouan, née en Bavière, elle opte pour la nationalité française ; la récompense lui est attribuée pour les soins apportés aux blessés lors de la bataille de Borny.
D'autres participent encore à des manifestations d'hommage, comme Philomène Danby lors de la remise de la médaille des anciens combattants de 1870 en 1912 (photo ci-contre, à droite) ou madame Renom (216e bataillon de la Garde nationale de la Seine) présente sur la tombe du soldat inconnu en 1921 (ci-dessus, à gauche).
Sources :
Armand (L) et Bonnette (P), Vaillance et dévouement. La femme sur le champ de bataille. 1912.
Richard (cap. Auguste), Cantinières et vivandières françaises, 1897. (Disponible à la BNF)
Blog Au fil des momts et de l'histoire. "Les cantinières et les vivandières", juillet 2012.
Tonnelet de Madame Chevereau, cantinière au 137e de ligne