JULES DIDIER SEVESTE, MORT A BUZENVAL
Connaissez-vous la rue Seveste ?
Sans doute pas et c'est fort compréhensible.
Située dans le 18è arrondissement de Paris, près de Montmartre, elle a ainsi été baptisée en 1875, en mémoire du comédien Jules Didier Seveste de la Comédie française, petit-fils de Pierre-Jacques Seveste lui-même homme de théâtre.
Lieutenant au bataillon des carabiniers parisiens, Jules-Didier Seveste participa à la bataille de Buzenval (19 janvier) au cours de laquelle il fut blessé. En compagnie du peintre Carolus-Duran, Jules Clarétie croise son chemin le lendemain du carnage, au moment où il est évacué vers une ambulance. "(Il) souriait" écrit l'homme de lettres qui ne sait pas - au moment de leur rencontre - que le jeune homme ne survivra pas à ses blessures.
Seveste est transporté à l'ambulance de la Comédie-Française où il est amputé. Le 25 il est décoré de la légion d'honneur. Au grand dam de ses amis comédiens, il décède de ses blessures le 30 janvier.
Le sculpteur Léon Fagel réalisa son buste conservé à la Comédie française.
A l'instar des artistes des Beaux-arts évoqués dans le message intitulé Artistes perdus de 1870, les théâtres parisiens payèrent un lourd tribu à la guerre de 1870. Plusieurs, comme Seveste, sont tombés à Buzenval : Charles Bernard (violoncelliste à l’orchestre Pasdeloup) et Vercollier (ancien directeur du Vaudeville) ; Boullard (chef d’orchestre aux Variétés) y est grièvement blessé. Commandant du bataillon des carabiniers parisiens auquel appartient Seveste, Pérelli (pianiste) est blessé à Montretout ; il meurt de ses blessures à l’hôpital du Palais-Royal. Moreau (compositeur), gendre d’Adolphe Adam, est tué à Châtillon. Hodin (du théâtre de la Porte-Saint-Martin), meurt en mai 1871 des suites de ses blessures.
Le ténor Duchêne a vu la mort de près. Gustave Labarthe rapporte qu'engagé dans les francs-tireurs de Lipowski, il est fait prisonnier et condamné à être fusillé. Convié à exprimer ses dernières volontés, il dévoile accidentellement qu'il connaît bien Mlle Schroeder avec laquelle il a chanté à l'Opéra comique. L'officier prussien (qui maîtrise parfaitement le Français) se trouble. Il connaît la jeune femme qui est elle-même d'origine allemande. Il finit par surseoir à l'exécution et libérer son prisonnier. Celui rejoint les francs-tireurs et participe à la défense de Chateaudun où il est blessé.
Source : Labarthe (Gustave), Le théâtre pendant les jours du siège et de la Commune (juillet 1870 – juin 1871). Paris, Fischbacher, 1910.