L'ART DE LA PAIX
Au Petit Palais à Paris, une exposition : L'art de la paix. Occasion de découvrir des documents établissant des traités importants de l'histoire de France et leur mise en relation avec des oeuvres d'art (peintures, sculptures, mobilier...).
Concernant la période fin XIXe - début XXe, le visiteur pourra y (re)découvrir L'apothéose de la guerre (1871) de Verechtchaguine et trois oeuvres auxquelles il est fait référence dans Mémoires picturales de 1870 et opinion publique en France avant 1914, à savoir : La rue Montorgueil (1878) de Monet, Les représentants des puissances étrangères venant saluer la République en signe de paix du douanier Rousseau (1907) et La paix par l'arbitrage (1912) d'Albert Besnard.
Entre autres curiosités, la visite présente la médaille ci-dessus, accompagnée de l'information suivante : "Cette médaille commémore une manifestation d'étudiants et d'ouvriers, place de la Bastille, le 17 juillet 1870 et non le 11 comme cela est inscrit. C'est lors de ce rassemblement populaire en faveur de la paix que le chef du gouvernement libéral, Emile Ollivier, déclare la guerre à la Prusse, sous la pression des partisans du recours aux armes".
La déclaration officielle de la guerre eut lieu deux jours plus part, le 19. Après un moment de flottement, convaincue que la guerre serait courte et victorieuse, les Français exprimèrent leur enthousiasme. Pourtant, celui-ci ne doit pas occulter l'importance des réticences d'une partie de la population qui avait voté quelques mois plus tôt en faveur du régime impérial parce qu'il incarnait la paix, celles des hommes d'affaires peu enclins à soutenir un conflit qui ne servirait pas leurs intérêts économiques, celles des militaires, enfin, qui connaissaient l'état des forces respectives.
Cette médaille rappelle l'existence d'un courant non négligeable d'hostilité à la guerre qui commençait. Le plus étonnant, en l'ocurrence, réside dans le fait qu'elle ait été émise pour commémorer celui-ci !
L'exposition du Petit Palais expose une autre curiosité, sans doute plus connue mais non dénuée d'intérêt quand on la replace dans son contexte : un dessin de Daumier présentant un Projet de statue de la paix pour l'exposition universelle de 1867. Le document est en lui-même une énième expression du désir de paix qui anime une fraction de l'opinion de l'époque. L'humour de Daumier y ajoute son sel : La République armée, en uniforme de garde mobile, comme si elle annonçait, a contrario du projet, le conflit de 1870 ! Relecture a posteriori du document, bien évidemment, irrecevable en terme d'analyse strictement historique. Ne cherchons pas dans une oeuvre ce qui n'y est pas, sinon le caractère caustique de son créateur.