REPRESENTATION DE STE GENEVIEVE ET GUERRE DE 70
Sainte Geneviève veillant sur Paris endormi (Pierre Puvis de Chavannes)
Au lendemain du conflit franco-prussien qui précipita la chute du Second Empire au profit de la République, Puvis de Chavannes reçoit mission de décorer les murs du Panthéon, monument désormais dédié aux grands hommes du nouveau régime. Tout naturellement pour un bâtiment situé sur la montagne Sainte-Geneviève, l’artiste s’emploie à y décliner en images la légende de la sainte locale. Il réalise d’abord (1877) une fresque sur son enfance. Ce travail accompli, il en compose une seconde (1898) intitulée Sainte Geneviève ravitaillant Paris. L’épisode renvoie au siège de 465 contre les Francs de Childéric 1er plutôt qu’à celui plus connu de 451 contre les Huns d’Attila. Les souvenirs que l’artiste garde de la guerre semblent nourrir son inspiration. Le citoyen, qui participa à la défense de la ville en tant que garde national, choisit en effet d’évoquer l’épisode biographique de la sainte qui se rapproche le plus de l’hiver parisien 1870-1871. Sainte Geneviève veillant sur Paris endormi qui complète sa série va dans le même sens. Mais ce choix traduit-il l’impact de l’Année terrible sur la mémoire collective ou n’est-il que l’expression d’une perception personnelle ?
Protectrice de Paris, Sainte Geneviève est un personnage qui tient une place importante dans l’iconographie religieuse de la capitale, dans les églises tout particulièrement. Auprès des croyants, elle fit longtemps figure de recours incontournable pour contrer les menaces susceptibles de frapper la cité. Les représentations la concernant témoignent, dans la durée, de la pieuse confiance des Parisiens. Elles font écho, aussi, aux souffrances subies dont elles ont vocation à entretenir la mémoire, le siège de 1870 par exemple. Mais ce dernier fut-il un moment de destruction assez fort pour réactualiser le culte de la sainte malgré le mouvement de déchristianisation qui touchait la France du XIXe siècle ? Comme celles de Puvis ornant le Panthéon, peut-on lire dans les œuvres mettant la sainte en scène après 1871 l’expression des souffrances vécues lors de l’Année terrible ?
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