Pour le remercier d'avoir "banni" Manet de l'exposition de l'école des Beaux-arts (non daté), un admirateur du peintre Meissonier - qui était aussi le maître de Manet et son supérieur hiérarchique dans la Garde nationale pendant le siège de Paris - lui adresse ce poème (ou pamphlet).
Où l'artiste est apparenté au "traitre" Bazaine, suprême injure pour l'époque s'il en est. Au lendemain du désastre de 1870 et de la Commune, il ne faisait pas bon vouloir révolutionner le monde, ne fut-il que celui de la peinture.
Où il apparaît aussi que la querelle des anciens et des modernes en ce domaine se réglait bien dans des termes politiques qui n'oubliaient pas la référence à l'année terrible.
à suivre... manuscrit sur les peintres et la guerre de 1870 encore en travaux
Cliquez sur le lien pour pouvoir mieux consulter le document : l'institut national de l'histoire des art
Artistes et soldats à la fois forts et doux,
Touchant du même doigt la lyre et le tonnerre,
Nous dominions le monde et nous avions à nous
Le sceptre de la paix et celui de la guerre.
Quand un traître survint qui, le front sans rougeur,
Des gulden de Bismarck emplit son escarcelle,
Et défiant la honte et le remords vengeur,
Aux soudards allemands livra Metz la pucelle.
Ce n'était pas assez; il leur fallait encor
Avec ces beaux remparts une autre forteresse :
L'école où Minerva sur sa palette d'or,
A notre art triomphant instruisait la jeunesse.
C'est fait - postérité, toi dont la grande voix
Finir par retentir toujours juste et hautaine,
Venge nous et punis deux traîtres à la fois,
Dans un égal mépris unis M....t à Bazaine.
facit indignatio versum
Offert respectueusement au grand artiste qui a banni Manet de l'exposition triennale.